Fridaygroup report social impact bonding

Contrat à Impact Social

BRUXELLES, 6 octobre 2016. En Belgique, les jeunes issus de l’immigration ont deux fois plus de chance de trouver un emploi s’ils sont coachés. C’est ce que montre DUO for a JOB, une asbl active à Bruxelles depuis 2013, en partenariat avec le Groupe du Vendredi, une plateforme politique pour jeunes engagés d’horizons divers, et qui est publiée aujourd’hui dans les colonnes de la prestigieuse revue "Stanford Social Innovation Review".

Le contenu complet et original de l’article avec des témoignages complémentaires est disponible en anglais sur le site du Stanford Social Innovation Review. Une version française est également disponible sur le site de DUOforaJOB.be.

"Selon un rapport récent de la Commission européenne, parmi les 28 pays de l'Union européenne, la Belgique présente le deuxième écart d'emploi le plus important entre les « autochtones » et les résidents non européens. Dans des quartiers de Bruxelles et d’autres grandes villes belges qui abritent de nombreux jeunes peu qualifiés issus de l'immigration, le taux de chômage peut atteindre jusqu’à 60 ou 70 %. Ces quartiers sont devenus des terrains propices au désespoir économique et à l'aliénation socioculturelle", suggèrent Matthieu Le Grelle, Frédéric Simonart et Thomas Dermine, auteurs d’un rapport qui est aujourd’hui publié par le Stanford Social Innovation Review. Améliorer l'intégration socio-économique des jeunes adultes issus de l'immigration est un objectif politique de premier plan pour les responsables gouvernementaux belges.

"Notre association contribue à cet objectif et aide les jeunes issus de l’immigration à se frayer un chemin à travers le marché du travail en les associant avec des Belges plus âgés, qui leur servent de mentor" continue Matthieu Le Grelle, un des cofondateurs du projet.

À ce jour, DUO for a JOB a organisé un coaching pour plus de 380 jeunes primo-arrivants ou d’origine étrangère à Bruxelles, et 53 % de ces participants ont pu trouver un emploi à long terme endéans les 12 mois qui suivent le début de leur accompagnement, un chiffre deux fois plus élevé que le taux d’insertion naturelle pour les mêmes cohortes de population.

DUO for a JOB est aussi précurseur dans son modèle de financement. Pour la première fois sur le continent européen, une association a pu bénéficier des Contrats à Impact Social (voir encadré ci-dessous).

Ces innovations « made in Belgium » se font remarquer jusque dans la Silicon Valley et se voient reprises dans les colonnes de la prestigieuse revue américaine Stanford Social Innovation Review, recenseur des programmes sociétaux les plus avancés à travers le monde.

Qu’est-ce qu’un Contrat à Impact Social ("Social Impact Bond")

Des investisseurs sociaux ou crowdfunders financent un projet social ou d’intérêt public. Si le projet atteint des résultats prédéfinis, les autorités publiques remboursent les investisseurs avec un intérêt qui dépend des résultats du programme. Si le projet n’atteint pas ses résultats, le remboursement n’a pas lieu. Un contrat à impact social permet donc à des programmes sociaux innovants, comme DUO for a JOB, de faire leur preuve sans risquer de l’argent public. D’autant que si le programme réussit, les économies générées sur les finances publiques sont supérieures au montant remboursé.

Xavier, par exemple, est un professionnel retraité issu du secteur de la santé 69 ans qui a travaillé avec Ali, un infirmier de 26 ans originaire de la Bande de Gaza (Palestine). « L’équipe DUO for a JOB a structuré un processus de mentorat de six mois, à raison de deux heures par semaine, dans lequel j'ai aidé Ali dans ses efforts pour trouver un emploi dans un hôpital », explique Xavier.

Les mentors qui participent à DUO for a JOB tirent également avantage du programme. Pour Christiane, une ancienne fonctionnaire européenne qui a suivi Sarah, réfugiée de Syrie, le programme offre une solution de ‘vieillissement actif’. « C’était une occasion de tirer parti des compétences développées durant ma vie professionnelle pour aider une jeune personne à se développer », explique Christiane. « Cela m’aide à rester active tout en contribuant à la cohésion sociale. » L'avantage le plus durable de DUO for a JOB est qu'il permet de tisser des liens sociaux entre des personnes de générations et de groupes sociaux différents qui sinon, n’interagiraient pas. Une contribution importante dans une société belge qui se polarise et est tentée par le réflexe identitaire.

DUO for a JOB fait face à plusieurs défis pour le futur. Au vu de l'ampleur de la crise des réfugiés, des problématiques d'intégration qui la suivent, l'association est amenée à grandir autant à Bruxelles que dans d'autres villes belges aux reliefs socio-démographiques comparables telles qu'Anvers et Liège. La diversification et la pérennité des ressources financières, le recrutement de mentors bénévoles, l'élaboration d'un modèle opérationnel facilement réplicable dans ses antennes (incluant le développement de partenariats), autant de défis à relever mais menés par un projet inspirant et prometteur, c’est en tout cas ce qu’on pense à l’Université de Stanford dans la Silicon Valley!